
Le véritable pouvoir du yoga ne réside pas dans la perfection des postures, mais dans la maîtrise de la respiration comme outil de régulation du système nerveux et de l’esprit.
- La respiration consciente (Pranayama) est le pont entre le corps et le mental, capable d’apaiser l’anxiété et de clarifier les pensées.
- L’objectif n’est pas la performance physique, mais le dialogue intérieur et l’acceptation de ses propres limites.
Recommandation : Concentrez-vous moins sur l’apparence de vos postures et plus sur la qualité de votre souffle à chaque instant de la pratique pour en découvrir les bienfaits profonds.
Sur les réseaux sociaux, le yoga se présente souvent comme un spectacle de souplesse et de force, une quête de la posture parfaite dans un décor idyllique. Cette vision, bien qu’esthétique, occulte l’essence même d’une discipline millénaire dont la popularité ne cesse de croître. En France, la pratique a connu une augmentation de +300% en 10 ans, signe d’une quête de sens qui dépasse le simple exercice physique. Beaucoup de pratiquants, et peut-être vous-même, ressentent intuitivement qu’il existe une dimension plus profonde, un trésor caché derrière l’enchaînement des asanas (postures).
On entend souvent que le yoga « unit le corps et l’esprit », mais cette affirmation reste vague si l’on ne possède pas la clé de cette connexion. Nous pensons à tort que la flexibilité est un prérequis, alors qu’elle n’est qu’une conséquence agréable d’un travail bien plus subtil. L’idée qu’il faut être souple pour faire du yoga est aussi absurde que de penser qu’il faut être en bonne santé pour aller chez le médecin. La véritable porte d’entrée n’est pas dans vos muscles, mais dans votre souffle.
Et si la clé pour transformer votre pratique n’était pas de toucher vos pieds, mais de sentir comment votre respiration dialogue avec chaque partie de votre être ? Cet article vous propose un voyage au cœur du yoga, là où la performance s’efface au profit de la présence. Nous explorerons comment la respiration est une véritable technologie de régulation de notre état interne, comment l’imperfection d’une posture peut être une victoire pour l’esprit, et comment les principes du yoga peuvent infuser et transformer votre vie bien au-delà des limites de votre tapis.
Pour ceux qui souhaitent expérimenter directement la puissance de la respiration, la vidéo suivante propose une méditation guidée. C’est une excellente introduction pratique pour ressentir les concepts que nous allons explorer.
Pour vous guider dans cette exploration, nous avons structuré ce guide en plusieurs étapes clés. Chaque section lève le voile sur une facette essentielle de la pratique, vous invitant à passer d’une vision de surface à une compréhension profonde et personnelle.
Sommaire : La véritable essence du yoga au-delà des postures
- Respirez : le véritable super-pouvoir que le yoga peut vous apprendre
- Hatha, Vinyasa, Yin : quel yoga pour vous calmer, vous dynamiser ou vous régénérer ?
- Le mythe de la posture parfaite : pourquoi « rater » sa posture de yoga est une victoire pour l’esprit
- Ne faites pas seulement du yoga, vivez le yoga : 5 principes pour transformer votre quotidien
- La pause yoga de 5 minutes qui va sauver votre dos et votre après-midi
- La respiration oubliée : comment réactiver votre diaphragme pour calmer l’anxiété instantanément
- Le voyage intérieur : une méditation guidée de 10 minutes pour habiter pleinement votre corps
- Votre respiration est la télécommande de votre cerveau : apprenez à l’utiliser
Respirez : le véritable super-pouvoir que le yoga peut vous apprendre
Le premier pas sur le chemin du yoga n’est pas un mouvement, mais une inspiration. Dans notre culture de l’action et de la performance, le souffle est souvent relégué au rang de fonction automatique. Pourtant, pour le yoga, il est le véhicule de notre énergie vitale, le Prana. C’est le pont tangible entre le monde visible de notre corps et l’univers invisible de nos pensées et de nos émotions. Comprendre et maîtriser sa respiration, c’est reprendre le contrôle de son état intérieur.
Comme le souligne le Centre Sivananda de Yoga Vedanta, cette pratique remplit deux fonctions vitales : oxygéner le cerveau et, plus subtilement, contrôler le Prana. C’est cette seconde fonction qui permet de maîtriser le mental. Pour le dire simplement : un souffle agité engendre un esprit agité ; un souffle calme et profond amène un esprit calme et clair. C’est une vérité que les traditions yogiques explorent depuis des millénaires et que la science moderne commence à peine à cartographier. Des neuroscientifiques ont d’ailleurs identifié le circuit cérébral qui nous permet de ralentir consciemment notre respiration, confirmant cette connexion intime entre notre volonté, notre état émotionnel et cette fonction vitale.
La pratique du Pranayama (les techniques de respiration yogique) n’est donc pas un simple échauffement ou un exercice de relaxation. C’est l’apprentissage actif d’un dialogue avec notre système nerveux. En modulant consciemment la longueur, la profondeur et le rythme de notre souffle, nous envoyons des signaux directs à notre cerveau pour lui indiquer qu’il peut passer du mode « combat ou fuite » (système sympathique) au mode « repos et digestion » (système parasympathique). C’est ce mécanisme qui est à l’origine de l’effet profondément apaisant du yoga.
Le souffle est la vie. Nous pouvons survivre plusieurs jours sans nourriture ni eau, mais privés d’air, nous mourrons en quelques minutes. Pour un yogi, la respiration adéquate remplit deux fonctions essentielles : apporter davantage d’oxygène au sang et donc au cerveau, et contrôler le prana, notre énergie vitale, ce qui permet de maîtriser progressivement notre mental.
– Centre Sivananda de Yoga Vedanta, Les 5 principes du yoga – Respiration adéquate
La prochaine fois que vous monterez sur votre tapis, essayez de déplacer votre attention : au lieu de vous concentrer sur la forme extérieure de la posture, portez toute votre conscience sur le flux de l’air qui entre et sort de votre corps. C’est là que la véritable pratique commence.
Hatha, Vinyasa, Yin : quel yoga pour vous calmer, vous dynamiser ou vous régénérer ?
Le mot « yoga » est un terme générique qui recouvre une multitude de styles et d’approches. Choisir celui qui nous convient peut sembler déroutant au premier abord. Cependant, si l’on applique notre filtre de lecture – la respiration comme outil de régulation nerveuse – il devient beaucoup plus simple de s’orienter. Chaque style de yoga propose une manière différente de synchroniser le souffle et le mouvement pour obtenir un effet spécifique sur notre état intérieur.
Le Hatha Yoga est souvent considéré comme la base du yoga postural moderne. Son rythme est lent, posé. On maintient les postures pendant plusieurs respirations, ce qui laisse le temps au corps de s’ouvrir et à l’esprit de s’apaiser. Cette lenteur stimule délibérément le système nerveux parasympathique, responsable de la relaxation et de la récupération. C’est un excellent choix pour les débutants ou pour quiconque cherche à réduire son niveau de stress et à cultiver une conscience corporelle profonde.

Le Vinyasa Yoga, quant à lui, est beaucoup plus dynamique. Il se caractérise par des enchaînements fluides où chaque mouvement est synchronisé avec une inspiration ou une expiration. Ce « flow » continu génère de la chaleur, augmente le rythme cardiaque et requiert une grande concentration. Il équilibre les systèmes sympathique et parasympathique, offrant à la fois un renforcement physique et une clarté mentale. C’est une pratique idéale pour ceux qui cherchent à canaliser une énergie débordante ou qui aiment se sentir en mouvement.
Enfin, le Yin Yoga propose une approche radicalement différente. Les postures, toutes passives et au sol, sont tenues pendant plusieurs minutes (3 à 5 minutes, voire plus). L’objectif n’est pas de solliciter les muscles, mais de relâcher les tissus conjonctifs profonds (fascias, ligaments). Cette immobilité prolongée, combinée à une respiration lente, active profondément le système parasympathique. C’est une pratique méditative et introspective, parfaite pour calmer une anxiété profonde et préparer le corps et l’esprit à la méditation.
Le tableau suivant synthétise les approches de ces trois grands styles pour vous aider à choisir en fonction de votre besoin du moment.
Style de Yoga | Rythme | Effet sur le système nerveux | Bienfaits clés |
---|---|---|---|
Hatha Yoga | Lent et contrôlé | Stimule le système parasympathique | Améliore flexibilité, conscience corporelle, réduit stress |
Vinyasa Yoga | Dynamique et fluide | Équilibre sympathique/parasympathique | Développe endurance, coordination, connexion souffle-mouvement |
Yin Yoga | Très lent et passif | Active profondément le parasympathique | Calme système nerveux, réduit anxiété, prépare à méditation |
Il n’y a pas de « meilleur » yoga. Le yoga le plus juste est celui qui répond à vos besoins ici et maintenant. Apprenez à vous demander avant chaque séance : « Aujourd’hui, ai-je besoin de m’apaiser, de me dynamiser ou de me régénérer ? »
Le mythe de la posture parfaite : pourquoi « rater » sa posture de yoga est une victoire pour l’esprit
L’une des plus grandes barrières à l’entrée du yoga est la peur de ne pas être « assez bon », de ne pas réussir la posture « parfaite ». Cette quête de perfection esthétique est l’antithèse de l’esprit du yoga. La véritable pratique ne se mesure pas à l’angle de votre jambe, mais à la qualité de votre présence et de votre bienveillance envers vous-même, surtout dans l’inconfort.
Lorsque vous êtes dans une posture et que vos muscles se mettent à trembler, votre premier réflexe est peut-être de penser que c’est un signe de faiblesse. En réalité, c’est souvent tout le contraire. Comme le révèlent certaines approches somatiques, ces tremblements peuvent être le signe que votre système nerveux se décharge d’un stress ou d’une tension émotionnelle accumulée, notamment dans les hanches. Accepter ce tremblement, respirer avec lui, c’est permettre au corps de se libérer. Forcer pour stopper ce phénomène, c’est court-circuiter un processus de guérison naturel.
Libération des tensions par le tremblement musculaire
Les tremblements en yoga ne sont pas un signe de faiblesse, mais peuvent signaler une libération émotionnelle profonde. Des zones comme les jambes et les hanches, où le stress est souvent stocké, peuvent se mettre à trembler lorsque la posture les sollicite. C’est une manière naturelle pour le système nerveux de se décharger de l’énergie accumulée et de revenir vers un état d’équilibre (homéostasie).
Chaque fois que vous choisissez d’adapter une posture, d’utiliser un support (comme une brique ou une sangle) ou de sortir d’une posture parce que votre corps vous le demande, vous ne « ratez » rien. Au contraire, vous gagnez. Vous gagnez une leçon d’écoute, d’humilité et d’auto-compassion. Vous quittez le mode « faire » pour entrer dans le mode « être ». C’est un dialogue, pas une dictature imposée par l’esprit au corps.
Plutôt que de me pousser au-delà de mes limites, pour atteindre la perfection. Je m’encourage à écouter mon corps et à respecter ses besoins, dans l’instant présent. Cela m’apprend l’importance de m’accepter telle que je suis, avec toutes mes forces et mes faiblesses.
– Témoignage sur l’autocompassion, AshtangiNomad
Votre tapis de yoga est un laboratoire. C’est l’endroit où vous pouvez vous entraîner à remplacer le juge intérieur par un observateur bienveillant. Cette compétence, une fois acquise, se diffuse bien au-delà de la pratique et transforme la manière dont vous faites face aux défis du quotidien.
Ne faites pas seulement du yoga, vivez le yoga : 5 principes pour transformer votre quotidien
Le yoga ne s’arrête pas lorsque vous roulez votre tapis. Les postures et la respiration sont des outils pour cultiver un état d’être qui est destiné à infuser chaque moment de votre vie. La philosophie du yoga, notamment à travers les Yamas (principes éthiques relationnels) décrits par Patanjali, offre une feuille de route pour appliquer cette conscience au quotidien. Il ne s’agit pas de dogmes rigides, mais d’invitations à l’introspection.
Le premier et le plus connu est Ahimsa, la non-violence. Sur le tapis, cela signifie ne pas forcer son corps, écouter ses limites. Dans la vie, cela se traduit par la bienveillance dans nos paroles envers les autres et nous-mêmes, la patience face à la frustration, ou encore le choix d’une alimentation plus consciente. C’est une pratique active de douceur.
Vient ensuite Satya, la vérité ou l’honnêteté. Dans la pratique, c’est reconnaître avec lucidité où se situe notre limite aujourd’hui, sans ego. Au quotidien, c’est communiquer de manière authentique, aligner nos actions avec nos valeurs, et être honnête sur nos besoins et nos ressentis.
Asteya, le principe de ne pas voler, va bien au-delà de l’appropriation matérielle. Il nous invite à ne pas voler le temps des autres en arrivant en retard, à ne pas nous approprier les idées d’autrui, et à ne pas puiser dans notre propre énergie de manière excessive. Brahmacharya, souvent traduit par modération, nous encourage à gérer notre énergie vitale de façon équilibrée, en évitant les excès qui nous épuisent. Enfin, Aparigraha, le non-attachement ou la non-possessivité, nous apprend à lâcher prise sur le besoin de tout contrôler, à accepter l’impermanence et à cultiver la gratitude pour ce qui est présent, plutôt que de désirer constamment ce que nous n’avons pas.
Votre plan d’action : appliquer les Yamas aujourd’hui
- Ahimsa (non-violence) : Identifiez une critique (envers vous ou un autre) que vous formulez habituellement et remplacez-la par une observation neutre ou patiente.
- Satya (vérité) : Avant de répondre « oui » à une sollicitation, prenez une seconde pour vérifier si cela correspond vraiment à vos capacités et votre envie du moment.
- Asteya (non-vol) : Pour votre prochain rendez-vous, fixez-vous l’objectif d’arriver 5 minutes en avance pour honorer le temps de l’autre.
- Brahmacharya (modération) : Choisissez une activité (réseaux sociaux, travail, nourriture) où vous avez tendance à l’excès et fixez-vous une limite raisonnable pour la journée.
- Aparigraha (non-attachement) : Remerciez consciemment pour trois choses simples que vous avez aujourd’hui, sans penser à ce qui pourrait être mieux ou différent.
Vivre le yoga, c’est réaliser que chaque interaction, chaque choix, chaque pensée est une occasion de pratiquer. C’est transformer le quotidien en un champ de conscience et de croissance personnelle.
La pause yoga de 5 minutes qui va sauver votre dos et votre après-midi
L’un des plus grands obstacles à une pratique régulière est le manque de temps. Nous imaginons qu’il faut nécessairement dérouler son tapis pour une séance complète d’une heure. Pourtant, intégrer de très courtes pauses de yoga au cours de la journée, notamment au bureau, peut avoir un impact considérable sur notre bien-être physique et mental. Une simple séquence de 5 minutes peut suffire à dénouer les tensions, relancer l’énergie et clarifier l’esprit.
Lorsque nous sommes assis pendant de longues heures, le dos s’arrondit, les épaules se contractent et la respiration devient superficielle. Cela crée des douleurs physiques, mais aussi une fatigue mentale. Une courte pause permet de rompre ce cycle. Il ne s’agit pas de réaliser des postures complexes, mais d’utiliser des mouvements simples et la respiration pour redonner de l’espace au corps. Une simple torsion assise sur sa chaise, par exemple, masse les organes internes et redonne de la mobilité à la colonne vertébrale.
L’idée est de créer un rituel. Mettre une alarme à 15h, s’éloigner de son écran et s’offrir ces quelques minutes de conscience corporelle. C’est un acte de respect pour son corps et un moyen puissant de gérer son énergie pour rester productif et serein tout l’après-midi. La régularité est plus importante que la durée ; une pratique de 5 minutes par jour apportera plus de bénéfices qu’une séance d’une heure toutes les deux semaines.
Voici une séquence simple que vous pouvez réaliser directement sur votre chaise de bureau pour revitaliser votre corps et votre esprit.
Votre séquence de yoga au bureau en 5 minutes
- Ancrage et respiration (1 min) : Asseyez-vous au bord de votre chaise, pieds à plat. Allongez la colonne vertébrale, fermez les yeux. Prenez trois grandes respirations profondes en sentant l’air remplir votre ventre.
- Étirements de la nuque (1 min) : Inclinez doucement la tête à droite, comme si l’oreille voulait toucher l’épaule. Respirez. Revenez au centre et faites de même à gauche. Ensuite, tournez lentement le nez d’un côté puis de l’autre.
- Torsions assises (1 min) : Placez votre main droite sur l’extérieur de votre cuisse gauche. Utilisez votre main gauche pour vous aider à pivoter doucement le buste vers la gauche. Maintenez la torsion pour 3 respirations, puis changez de côté.
- Étirements des poignets et des épaules (1 min) : Tendez les bras devant vous, paumes vers l’extérieur. Étirez les doigts vers le haut, puis vers le bas. Ensuite, croisez les doigts derrière votre dos et essayez de tendre les bras pour ouvrir la poitrine.
- Retour au calme (1 min) : Relâchez tout, fermez à nouveau les yeux et prenez trois dernières respirations conscientes avant de reprendre votre travail.
Cette micro-pratique est une application directe de la philosophie du yoga : amener de la conscience dans les moments les plus ordinaires de notre vie pour en améliorer la qualité.
La respiration oubliée : comment réactiver votre diaphragme pour calmer l’anxiété instantanément
Nous avons établi que la respiration est centrale. Mais savons-nous vraiment respirer ? Pour la plupart d’entre nous, la réponse est non. Sous l’effet du stress chronique, notre respiration est devenue thoracique : courte, rapide et superficielle. Nous avons oublié notre muscle respiratoire principal : le diaphragme. Réactiver cette respiration abdominale, profonde et naturelle, est la clé la plus directe pour apaiser le système nerveux.
Le diaphragme est un grand muscle en forme de dôme situé sous les poumons. À l’inspiration, il se contracte et descend, massant les organes abdominaux et permettant aux poumons de se remplir pleinement d’air. À l’expiration, il se relâche et remonte. Ce mouvement de pompe a un effet direct sur le nerf vague, l’autoroute de communication entre le cerveau et les organes, et le principal acteur du système nerveux parasympathique (notre système de « frein »).

En activant consciemment le diaphragme, nous stimulons le nerf vague, ce qui envoie un signal de sécurité au cerveau. Comme l’explique Inspire Potential, cette technique augmente la production d’acétylcholine (un neurotransmetteur apaisant) et réduit celle du cortisol (l’hormone du stress). L’efficacité de cette méthode n’est pas anecdotique ; une étude sur des patients anxieux a démontré une diminution significative de leur anxiété après seulement 8 semaines d’entraînement, accompagnée d’une réduction de la fréquence cardiaque et respiratoire.
Pour savoir si vous utilisez votre diaphragme, placez une main sur votre poitrine et l’autre sur votre ventre. Respirez normalement. Quelle main bouge le plus ? Si c’est celle sur votre poitrine, votre respiration est principalement thoracique. L’objectif est de réapprendre à faire bouger la main sur votre ventre à chaque inspiration, signe que le diaphragme travaille correctement.
C’est un entraînement simple mais profond. Chaque respiration diaphragmatique consciente est un acte de reprogrammation de votre système nerveux, vous redonnant le pouvoir de calmer la tempête intérieure, où que vous soyez.
Le voyage intérieur : une méditation guidée de 10 minutes pour habiter pleinement votre corps
Une fois que le corps est préparé par les postures et que le système nerveux est apaisé par la respiration, le yoga nous invite à une exploration plus profonde : le voyage intérieur de la méditation. Contrairement à une idée reçue, la méditation en yoga n’est pas une tentative de « faire le vide » dans sa tête. C’est plutôt un entraînement à porter son attention sur le moment présent, sans jugement, en utilisant le corps comme ancre.
Pour cela, le yoga développe deux sens subtils mais essentiels : la proprioception et l’intéroception. La proprioception est la conscience de la position de notre corps dans l’espace. Pratiquer des postures simples les yeux fermés, par exemple, est un excellent moyen de l’affiner. On ne se fie plus au miroir, mais au ressenti interne pour trouver l’alignement juste. On apprend à habiter son corps de l’intérieur.
L’intéroception va encore plus loin. C’est la perception des sensations internes du corps : les battements du cœur, le gargouillement de la digestion, la chaleur, les picotements. C’est un sens intimement lié à nos émotions. Comme le souligne Active Yoga, développer cette conscience interne nous permet de reconnaître nos états émotionnels à un stade précoce, avant qu’ils ne nous submergent. La méditation devient alors un espace pour observer ces sensations sans y réagir, simplement en les accueillant avec la respiration.
Développer la proprioception par la pratique à l’aveugle
Une méthode efficace pour développer la conscience corporelle est de pratiquer le yoga les yeux fermés. En se plaçant dans des postures familières comme le chien tête en bas sans l’aide de la vue, le pratiquant est obligé de se fier à ses sensations internes pour trouver le bon placement. Cette pratique affine la proprioception, c’est-à-dire la carte mentale de notre schéma corporel. Une meilleure proprioception permet non seulement une plus grande maîtrise des postures, mais aussi une meilleure gestion du stress et des angoisses au quotidien, en renforçant l’ancrage dans le corps.
Une méditation simple consiste à s’asseoir confortablement, à fermer les yeux et à faire un « scan corporel ». On déplace lentement son attention des pieds jusqu’au sommet de la tête, en notant simplement les sensations présentes dans chaque partie du corps, sans chercher à les changer. C’est un acte radical d’écoute et d’acceptation. C’est dans cet espace de silence et d’observation que la véritable union du corps et de l’esprit se produit.
Ce n’est pas une évasion du monde, mais au contraire, une manière de l’habiter plus pleinement, en étant totalement présent à soi-même. Chaque séance de méditation est un pas de plus vers cette demeure intérieure.
À retenir
- La respiration est l’outil principal du yoga pour réguler le système nerveux et calmer le mental, bien plus important que la performance physique.
- L’imperfection dans les postures est une opportunité d’écoute de soi et de pratique de l’auto-compassion, le véritable objectif du yoga.
- Les principes du yoga, comme la non-violence (Ahimsa) ou la vérité (Satya), sont conçus pour être appliqués au quotidien et transformer notre rapport au monde.
Votre respiration est la télécommande de votre cerveau : apprenez à l’utiliser
Nous avons vu que la respiration influence notre état nerveux. Il est temps de considérer cette connexion de manière encore plus directe : votre souffle est une véritable télécommande qui vous permet de moduler l’activité de votre cerveau. En changeant consciemment votre manière de respirer, vous pouvez choisir de vous apaiser, de vous concentrer ou même de vous dynamiser. C’est une compétence qui, une fois acquise, offre une autonomie inestimable face aux aléas de la vie.
Différentes techniques de Pranayama ont des effets distincts. La respiration alternée (Nadi Shodhana), par exemple, où l’on respire alternativement par une narine puis l’autre, est réputée pour équilibrer les hémisphères gauche et droit du cerveau, ainsi que les systèmes nerveux sympathique et parasympathique. Elle amène un état de calme et de clarté mentale, idéal avant une tâche demandant de la concentration.
La cohérence cardiaque, une technique qui consiste à respirer à un rythme régulier (par exemple, inspirer sur 5 secondes, expirer sur 5 secondes), synchronise le rythme cardiaque avec la respiration. Cette synchronisation a un effet d’entraînement sur le cerveau, favorisant les ondes alpha associées à un état de relaxation vigilante. D’autres techniques, plus énergisantes comme Bhastrika (le soufflet), utilisent des expirations forcées pour stimuler le système sympathique et réveiller le corps et l’esprit.
Apprendre ces techniques, ce n’est pas seulement accumuler des outils de bien-être. C’est comprendre que nous ne sommes pas les victimes passives de nos états d’âme. Nous avons en nous une capacité innée à influencer notre physiologie et notre psychologie. Le yoga nous offre simplement le mode d’emploi de cette formidable machine qu’est le corps humain.
Votre plan d’action pour maîtriser votre souffle
- Points de contact : Pendant une journée, notez trois moments où votre respiration change (stress, concentration, fatigue). C’est la première étape de la prise de conscience.
- Collecte : Asseyez-vous 2 minutes, les yeux fermés. Observez simplement votre souffle sans le changer. Est-il rapide, lent, profond, superficiel ? Dans le ventre ou la poitrine ?
- Cohérence : Essayez l’exercice de cohérence cardiaque. Inspirez par le nez pendant 5 secondes, expirez par le nez pendant 5 secondes. Faites-le pendant 3 minutes.
- Mémorabilité/émotion : Notez la sensation juste après l’exercice. Est-elle différente de votre état de base ? Plus calme, plus clair, plus présent ?
- Plan d’intégration : Choisissez un des moments de stress identifiés à l’étape 1 et décidez d’y appliquer consciemment 1 minute de respiration cohérente la prochaine fois qu’il se présentera.
Commencez dès aujourd’hui à explorer cette télécommande. Votre souffle est votre allié le plus fidèle, disponible à chaque instant pour vous ramener au centre, à la paix et à la clarté. C’est peut-être cela, la véritable essence du yoga.